Contrairement aux faluns qui sont localisés sous forme de quelques placages, les formations argilo-siliceuses du Sénonien recouvrent la quasi totalité des plateaux tourangeaux.
Ces sédiments qu’on appelait autrefois "argiles à silex" sont parfois masqués par des formations ultérieures (sables, grès et argiles éocènes, calcaires lacustres, limon des plateaux, …) mais leur étendue reste importante et ils affleurent presque systématiquement au bord des coteaux.
Rien d’étonnant à ce qu’on les retrouve dans de nombreuses vignes où le désherbage fait apparaître les nombreux silex qu’ils renferment, et notamment les éponges qui ont dû intriguer de tout temps les vignerons par leur forme spéciale et variée. Parmi ces habitants "du cru", bien rares ont probablement été ceux qui les ont interprétées comme des éponges. Il ne fait guère de doutes qu’aujourd’hui encore, des tourangeaux les comparent avec ce qu’ils connaissent de leur quotidien. Et les éponges siliceuses vivantes n’en font évidemment pas partie. Par contre, la forme souvent globuleuse qu’adoptent ces éponges rappelle celle des figues, des poires, des pommes…. Et ces fruits là sont bien présents dans les vergers tourangeaux, d’où l’interprétation classique de fruits pétrifiés qui a traversé les siècles et qu’a rapporté notamment Jacques-Marie Rougé.
Éponges en forme de poire.
Éponges en forme de figue.
Éponges en forme de pomme.
Des fragments de bois fossile sont fréquemment associés aux éponges, ce qui a pu renforcer, s’ils ont été correctement interprétés, la croyance aux fruits pétrifiés.
Colonie d'éponges ou… main pétrifiée d'un ancien cueilleur de fruits eux-mêmes pétrifiés. (Coll. Musée du Grand-Pressigny).
Autre convergence avec un élément du quotidien tourangeau : cette éponge a la forme d’un tire-bouchon qui aurait perdu sa vis mais dont subsiste le trou où cette vis aurait été logée. Un tourangeau un peu bricoleur aurait pu le transformer en tire-bouchon spécial cru.
