FOSSILES ET IMAGINAIRE TOURANGEAU


De tout temps, les fossiles ont suscité intérêt et interrogations, soit par leur beauté, soit par l’étrangeté de leur forme, soit encore par leur ressemblance avec des organismes vivants.

En Touraine, les fossiles ne sont pas rares et nos ancêtres n’ont pu manquer de les observer.

En résumant grossièrement, on peut classer les fossiles de Touraine en trois grandes catégories :
      - les fossiles du tuffeau turonien qui sont principalement des moules internes ou externes de coquillages,
      - les éponges des formations argilo-siliceuses du Sénonien,
      - les innombrables fossiles des faluns miocènes.


1 - LES FOSSILES DES FALUNS

Pour cette catégorie la plus récente, la ressemblance avec les coquillages actuels du bord de mer est telle que, dès le 16ème siècle, Bernard Palissy leur attribuait une origine marine. À la même époque, François Rabelais ne disait pas autre chose dans ses aventures du géant Gargantua, mais de façon plus imagée : les faluns sont des dépattures de Gargantua. Ce dernier s’était rendu au bord de l’Atlantique et il avait gardé sous ses bottes du sable de plage. En arrivant en Touraine, ce sable était peu à peu tombé de ses bottes et les placages de faluns n’étaient autres que ces fameuses dépattures.

Mais cette origine marine n’était pas évidente pour tous. Certains lettrés croyaient à la génération spontanée de pierres en forme de coquilles et il faudra attendre encore quelques siècles pour que la présence d’un ancien golfe marin soit admise à l’unanimité par la communauté scientifique.

Contrairement aux deux autres catégories de fossiles, ceux des faluns n’ont touché qu’une minorité de tourangeaux car l’étendue des faluns est très faible par rapport aux deux autres formations géologiques évoquées ici. Comment les quelques tourangeaux, qu’on imagine pleins de bon sens, interprétaient-ils ces coquilles lorsqu'ils les trouvaient dans les labours ? Le célèbre folkloriste tourangeau Jacques-Marie Rougé rapporte, dans son "Folklore de la Touraine", que la tradition dit que "les faluns, ça vient du déluge, c'est le déluge qui a fait le falun". Nul doute que nombre de tourangeaux aient attribué aux coquilles des faluns une origine marine en rapport avec d'anciens organismes vivants.

Toujours selon Jacques-Marie Rougé, dans la région de Savigné-sur-Lathan, les dents rondes et noires des dorades étaient interprétées comme "des yeux d'oiseaux". Quant aux ossements de mammifères, on les considérait comme "des grosses dents d'animaux énormes".


Coquillage des faluns. Curiosité de la nature sans rapport avec un ancien organisme vivant pour certains, vestiges du déluge pour d'autres...


Dents de dorades ou... yeux d'oiseaux pour nos ancêtres.

      LES ÉPONGES DES FORMATIONS ARGILO-SILICEUSES >>>

Retour        Page d'accueil